Jardins et Plantations – Patrimoine culturel réunionnais

En quittant le littoral, nous nous enfonçons un peu plus dans les terres, vers Maido. Notre route nous emmène vers la distillerie de la famille Bègue. Depuis trois générations, elle pratique la distillation du géranium, cryptomeria et autres plantes. Le géranium n’est pas celui que nous connaissons, avec des grandes fleurs, mais un géranium dit « Rosat » à feuillage odorant qui a été introduit vers 1870 sur l’île.

Quand nous passons en début d’après midi, la « cuite » est finie mais nous avons des explications sur ce procédé permettant d’extraire l’huile essentielle de la plante: il faut entre 300 et 400 Kg de feuilles, pressés sur les claies et 200 litres d’eau au fond dans l’alambic. Sous l’alambic, le feu permet l’ébullition de l’eau. La vapeur fait gonfler et éclater les poils situés sous les feuilles du géranium en libérant l’huile. Ainsi, la vapeur chargée d’huile essentielle monte dans le col de cygne puis descend dans le réfrigérant. Le mélange ainsi condensé tombe dans un entonnoir. Grâce à un ingénieux système, l’huile essentielle de géranium et l’eau, encore légèrement parfumée se séparent. Une cuite peut durer plus de trois heures et permet de récupérer trois à cinq cents grammes d’huile précieuse.

Nous n’achèterons pas d’huile de géranium vendue dans la boutique de la distillerie, car nous ne savons pas vraiment comment l’utiliser en médication ou en cuisine, mais nous aurons la chance d’y goûter dans une brioche au géranium.

De l’autre côté de l’île, à Saint-André, nous visitons la plantation de Vanille de la famille Roulof. C’est l’une des dernières exploitations familiales, 2 hectares de plantation, à cultiver la vanille Bourbon.

La vanille a été découverte au début du XVIème  siècle en Amérique du Sud. Les premiers plants de vanille sont introduits au début du XIXème siècle sur l’île Bourbon (nom de l’île de La Réunion à l’époque). Cette orchidée de la vanille était juste une plante ornementale, car les abeilles pollinisatrices ne vivaient pas sur l’île. C’est un jeune esclave, Edmond Albius qui découvrit en 1841 le procédé de fécondation de la vanille, ce qui va qui va révolutionner la culture de la vanille.
Il suffit de presser légèrement la fleur en soulevant la cloison mobile qui sépare les étamines des stigmates. Aujourd’hui la fécondation se fait toujours à la main, fleur par fleur. C’est la « marieuse » (elle fait la pollinisation) qui nous fait la visite guidée. Elle nous explique qu’elle procède à la fécondation le matin car les fleurs du vanillier s’ouvrent la nuit pour mourir en fin de matinée. « Les marieuses » peuvent féconder de 1000 à 1500 fleurs par jour.
On comprend que la préparation des gousses de vanille est longue (plusieurs années en la plantation et la mise en vente de la gousse) et délicate. « Bourbon » n’a pas été déposé et la vanille Bourbon n’est pas exclusivement récoltée à la Réunion. Toutefois, un label a été déposé en 1964, il s’applique aujourd’hui à la vanille provenant de l’île de La Réunion, de Madagascar, des Comores ou de Maurice.

Dans la même région, la Sucrerie de Bois Rouge qui produit une grande variété de rhums tels que le rhum charrette) et de la Distillerie de Savanna. Par contre il faut réserver pour visiter et prévoir des chaussures fermées. Nous n’avions ni l’un ni l’autre !

En partant de Saint-Joseph, direction la Plaine des Grègues. Situé à 600 mètres d’altitude, c’est la capitale du « Safran Péi ». Tombée un peu en désuétude dans les années 1990, aujourd’hui environ 30 familles de planteurs cultivent le curcuma. La Maison du Curcuma aide à faire découvrir les produits du terroir. C’est vrai que c’est orienté touriste, mais la petite expo et la vidéo aide à comprendre la fabrication du « Safran Péi » de la racine du curcuma à la poudre utilisée en cuisine. La récolte des rhizomes de curcuma peut commencer quand la tige commence à sécher. Il a de nombreuses propriétés : épice, conservateur de nourriture, agent colorant, cosmétique et médicale. Comme nous étions en visite libre nous n’avons pas vu le jardin privé et de la « grotte à parfum »

Le Jardin d’Eden : Retour vers la côte ouest, à l’Ermitage, près de Saint Gilles les Bains, pour une ballade dans le jardin d’Eden : jardin paysager tropical qui offre une belle promenade dans un parc de 2 hectares et demi. A l’entrée on nous remet un petit livret pour nous guider et nous expliquer les variétés de plantes et fleurs. Certainement très complet, mais pas facile d’utilisation. Dans les arbres quelques caméléons. Mais globalement, on est un peu déçus, peu à voir comparer aux richesses naturelles de l’île, surtout pour un prix d’entrée élevé (8 euros). Est-ce que le mois de novembre est adapté pour la visite de ce jardin ? Il nous a manqué un guide qui nous aurait accompagné dans la découverte et la connaissance des arbres, cactus, bambous, frangipanier … par contre nous sommes enchantés par les odeurs (fleur de frangipanier …) et couleurs (Pince de homard)