Mardi 5 juillet.
Il ne fait que 13°C quand nous quittons Usolye-Sibirskoe vers 9h00. La route est plus ou moins correcte et nous avons droit à un contrôle de police. A chaque fois cela se passe très bien, dès fois contrôle des papiers du véhicule, des fois pas. Les policiers sont plus curieux de savoir où nous allons et d’où nous venons. Certaines petites villes, comme Kouitoun, sont difficiles à traverser, route inexistante, travaux en permanence… mais nous ne faisons que passer contrairement aux habitants. Sur la mauvaise route, devant nous, deux semi-remorques qui roulent assez vite (90km/h) et très proches l’un de l’autre. Nous comprenons que le second camion est remorqué. Ils se mettent à doubler un 3eme camion, devant eux qui roulent un peu moins vite et sont eux même doublé (en 3ème file, donc sur le bas côté, dans le talus de gauche) par une voiture. Si je vous dis que cette scène se passe en plus en haut d’une côte… vous aurez peut-être un peu de mal à y croire, et pourtant ! Et ce qui devait arriver…. Arriva ! Le câble de remorquage vient de céder. Et oui, ils utilisaient un simple câble entre les deux camions et pas une barre de remorquage.
Comme à l’aller, au village de Razon, arrêt passage à niveau qui dure 45 minutes. Nous pensons qu’ils regroupent tous les trains et les font passer plusieurs fois par jour mais groupés. Le fret ferroviaire est très important. Certains trains qui passent devant nous sont composés de 4 locomotives et de plus de 60 wagons de marchandises ou containers.
Et de 3 !! en quittant le passage à niveau, le poids lourd devant nous, nous balance un gros cailloux qui vient juste se loger en bas du pare-brise en plein milieu. Celui-là nous l’avons vu venir, il est passé entre les bavettes arrière du double essieu. Coup dur pour le moral. On commence à avoir l’habitude. On s’arrête, cyano et scotch en attendant, pour limiter les dégâts. Il est déjà 20h30 et on décide de rouler encore un peu. Les tronçons de bonne route alternent avec des tronçons de très mauvaise route. Nous ne comprenons pas ce réseau routier. Nous nous arrêtons finalement assez tard… 1h00 du matin. Nous avons fait 659km dans la journée, malgré certaines parties à 15-20 km/h.

Mercredi 6 juillet
Arrivés à Kansk, on cherche un petit garage qui répare les pare-brises. Quand on dit petit garage en Russie, il faut comprendre un tout petit atelier, presque comme un kisoque, avec une ou deux personnes mais qui bricolent bien. La chance nous fait rencontrer Alexy et Avtyon (rue Zalesnaya – pour ceux qui passeraient par là). L’impact est conséquent, mais après concertation, ils pensent pouvoir réparer. Encore merci à toutes ces personnes qui font le maximum pour nous rendre le voyage plus agréable, même dans les situations les plus difficiles. (coût : 500 rb, soit 12,50 euros)
Merci aussi à vous qui nous envoyez des messages, et aujourd’hui nous retenons celui de notre ami Patrick Belin : « votre pare brise vous protège, il est fragile en premières couches, souple, attentif à votre sécurité »
Sortie épique de Kansk pour rejoindre Krasnoyarsk et Novosibirsk, en contournant la ville par une piste en terre. Travaux dans la ville. Heureusement il y a de très beaux paysages. Les collines sont recouvertes de fleurs mauves et jaunes et nous offrent une composition florale à couper le souffle. Pas de photos car pas de possibilité de s’arrêter. Nous évitons la grande ville de Krasnoyarsk en la contournant par l’Est, il y a des centaines de serres et des terrains cultivés. Nous en avons rarement vus en Russie. Il pleut de nouveau et il ne fait pas chaud, mais nous venons de gagner 1 heure.
La police est souvent présente, en vrai ou en leurre, voiture en plastique. Coup d’œil sur les abris bus, qui sont toujours fait de la même façon sur les grandes routes, type tonneau, avec deux bancs à l’intérieur et une cabine WC tout proche.

Jeudi 7 juillet
La pluie a cessé mais il ne fait que 11°C. Pas chaud pour la saison. Nous repartons d’Acinsk où nous avons passé la nuit, et arrêt passage à niveau. Mais là il y à de gros travaux, une partie de la voie ferrée est en vrac. Des dizaines d’ouvriers pour ce gros chantier. Nous verrons beaucoup de trains arrêtés tout au long de la voie ferrée que nous longeons. Cela promet de longs arrêts quand tout va se remettre en fonctionnement.

Belle route, à part un tronçon en bitume très frais, nous avons reçu plusieurs morceaux, mais cette fois que de petits impacts, et puis on s’habitue. Arrêt à Marinsk pour faire notre reportage vidéo et en sortie de ville nous faisons un arrêt au mémorial dédié aux victimes de Siblag, (camp de travaux forcés sibérien 1923-1960 – Мемориал жертвам сиблага) qui comprend : un chemin de fer à voie étroite, une caserne de prison, une «colline de la mémoire», un «mur de tir», une composition de rondins avec un fragment de rail et une chapelle de la grande martyre Anastasia la Patronne. Le mémorial a été fondé en 2009. Mais tout est expliqué en Russe, alors nous n’avons pas tout compris. Pas grave c’est beau ! Nous trouvons un grand parking gardé pour la nuit, à l’entrée de Kemerovo.

Vendredi 8 juillet
Après Kemerovo, arrêt à Jurga et comme il fait beau (enfin) nous décidons de tester la D-J (douche Joël). Trop de mouche pour être à l’extérieur de la ville, alors douche sur le parking de la gare, côté fret (photos ci-dessus). La DJ est pratique mais nécessitera encore quelques améliorations, notamment au niveau du vent. Puis traversée de Novosibirsk qui finalement est une ville plus agréable que nous l’avions noté à l’aller. Nuit sur le parking de Nissan, en contrebas d’une 2*4 voies.
Samedi 9 juillet
En direct du salon Wi-Fi de Nissan….. Il a plu une bonne partie de la nuit et pleut encore. Nous ne retournerons pas voir Novossibirsk sous la pluie.
A la sortie de la ville de Berdsk il y a un très grand magasin, avec une hauteur sous plafond de plusieurs mètres. Les vendeurs se déplacent en chariot élévateur pour vous donner l’objet que vous choisissez sur le rayonnage le plus haut. Il s’agit à la fois d’un magasin de bricolage, de décoration de la maison, d’habillement et tout pour les enfants, comme vous pouvez le voir grand choix de chapeaux d’été et de poussettes.

La pluie a cessé quand nous reprenons la route vers 16h00 et nous avons droit à notre 7ème contrôle de police, toujours aussi fairplay. Nous arrivons à Barnaul pour y passer la nuit, près d’un parc avec de nombreuses attractions pour les enfants, dont des chevaux à roulettes.

Dimanche 10 juillet
Barnaul
est la capitale du territoire de l’Altaï et est située le long du fleuve Ob. Cette ville, qui a prospéré depuis sa fondation en 1730, fait partie des villes que nous apprécions en Russie. Ses avenues sont larges et propres, elle reste à taille humaine, on y trouve des petits commerces ouverts 24/24. Il y a aussi de très beau bâtiments administratifs, un théatre d’art (photo ci-dessus, en jaune), des églises, dont la Nikolsky church (photos ci-dessous). Cette église Saint-Nicolas est l’une des églises orthodoxes les plus anciennes en Russie.  Elle a été construite par Ivan Nossovitch de 1904 à 1906. Une soixantaine d’église de ce genre furent construites dans l’Empire russe avant 1917. 
Construite en briques rouges avec un clocher à trois niveaux, elle se situait à proximité des casernes du régiment de Barnaul et avait donc le statut d’église de garnison. Dans les années 1930, l’époque du stalinisme, elle est fermée, ses coupoles sont détruites et elle est utilisée comme école d’enseignement des pilotes de guerre de la région. Lorsque le patriarche Alexis II de Moscou visite l’Altaï en 1991, elle retourne au culte. Elle sera restaurée jusqu’en 2000. Les coupoles sont prêtes en 2006 et rehaussées de croix orthodoxes en 2007. Nous sommes impressionnés par la ferveur qu’il y règne.

Bien qu’il y ait encore des vendeurs de jus de fruit dans des petites citerne, cette partie de la Russie que nous traversons est vraiment différente. Nous traversons d’immenses champs cultivés. La route A349 es un régal, elle est droite, roulante et nous ne croisons presque personne, avec un peu l’impression d’être seuls au monde.
C’était sans compter sur un passage avec des gravillons, et bien sûr à ce moment-là, 4 voitures qui nous doublent à pleine vitesse… Et de nouveaux nous sommes criblés de bitume frais mélangé aux gravillons et de nouveau des impacts sur le pare-bise. Nous sommes furieux après ces chauffards, il est pourtant indiqué « zone à risque – 30 Km/h – interdit de doubler ».  Respecter les consignes aurait été bienvenu !!
Nous verrons demain matin si nous pouvons faire réparer à Rubtsovsk (c’est à dire éviter que les fissures ne s’agrandissent). En attendant, nous nous remontons le moral avec de délicieuses chachlik, brochettes, que nous dégustons dans une ambiance à la Russe dans le restaurant LuboDorogo. En plus d’être ravissantes, les serveuses, Ivgenia et Victoria, sont sympathiques et souriantes. C’est plutôt agréable, Rubtsovsk est notre dernière étape en Russie avant la frontière avec le Kazakhstan.

Lundi 11 juillet
Nous ne voulions pas mettre en ligne une quatrième réparation du pare-brise, mais comme la technique est un peu différente, nous ne résistons pas. Sergueï nous accueille avec le sourire et prend en charge notre Woki. Comme il n’y a pas de soleil, il utilise une lampe UV pour faire durcir ce qu’il vient d’injecter dans l’impact. C’est la lampe bleue sur la photo. Au moment de payer, Sergueï nous fait signe que c’est cadeau, que ça vient du cœur. Nous sommes très touchés et ne pouvons lui offrir qu’un badge Wokipi. Nous prenons la direction du Kazakhstan soulagés.