Après une traversé tranquille sur une mer d’huile entre Helsinki et Tallinn, on entre dans l’enfer de Tallinn Des travaux de construction dans tout le centre-ville : routes barrées, défoncées, des panneaux déviation manquants, le GPS qui s’affole, des taxis qui roulent comme des malades, des ouvriers de chantiers partout, et pour couronner le tout des trombes d’eau s’invitent dans ce grand bordel…  Une nouvelle ligne de tramway et des routes sont à venir, en attendant, on veut juste sortir Kipi de là. Nous ne reviendrons pas sur Tallinn.

Parc National Lahemaa

On roule plein Est pour retrouver un peu de calme, dans le parc National Lahemaa, à 70 km de la capitale..

Et là, on ne regrette pas : des forets de pins, des lacs, des petits villages aux maisons très coquettes. Sur la route, beaucoup de cigognes et une belle bâtisse à Sagadi, qui abrite le musée de la foret : expositions sur la diversité des forêts du pays et sur l’exploitation du bois et l’artisanat.

Vergi

On pousse jusqu’à Vergi. Petit port de plaisance avec une dizaine de bateaux.  Avec un dîner dans un restaurant que nous recommandons, le Wirkes, personnel accueillant, déco soignée et repas … Waouh, la soupe potiron-bacon-champignon me fait encore saliver. Ce sera notre bivouac du soir, avec vue sur le phare (10m) et sur le golfe de Finlande (mer baltique).

Narva

Le lendemain, encore plus à l’Est, Narva, ville frontalière avec Ivangorod. C’est le fleuve Narva, de 75 km qui constitue une partie de cette frontière nord entre la Russie et l’Estonie. L’Europe et la Russie se touchent presque. A Narva, Plus d’un habitant sur deux possède des racines russes, et presque tous parlent russe en plus de l’estonien.
Un pont relie ces deux rives. De part et d’autre de ce pont, deux imposantes forteresses : du côté du fleuve où nous sommes, flotte le drapeau estonien sur le fort d’Hermann, château fort médiéval. De l’autre côté du fleuve, à moins de 200 m, se dresse la forteresse russe d’Ivangorod, construite par Ivan III en 1492.

On croyait que la plupart des frontières avec la Russie étaient fermées. Il n’en est rien ici à Narva. Des bus, des files de voitures immatriculées en Russie, Estonie, Allemagne et plus surprenant en Ukraine, font la queue pour passer en Russie en direction de Saint-Pétersbourg. Il y a aussi quelques camions de transport de marchandises. Tout près du poste frontière des bureaux de change Dollars/Euros <-> Roubles. Ce n’est pas ce que nous disent les médias français.
Un complément d’information depuis notre voyage en Estonie au mois d’août : le 8 septembre 2023, l’Estonie interdit l’entrée sur son territoire à tout véhicule immatriculé en Russie.
On est tellement proche de la Russie, que mon smartphone s’est connecté sur le réseau d’un opérateur Russe sans me prévenir. On a reçu 2 SMS de notre opérateur : 60 euros sur ma prochaine facture pour utilisation hors Europe et forfait bloqué (cela va être réglé à notre retour). Information importante pour les voyageurs qui passent trop près d’une frontière hors UE.

Tartu – Le KGB

En entrant dans Tartu, on décide d’aller directement au musée du KGB. C’est un « bâtiment gris ». Dans les années 1940-1950 le département de Tartu du ministère de la Sécurité d’État de la RSS d’Estonie était situé dans ce bâtiment, au sous-sol se trouvait la prison pour les personnes arrêtées pour des raisons politiques. On y apprend que dans les cellules de punition isolées, de 0,8 m2 , les prisonniers incarcérés pour 5 ou 10 jours recevaient de la nourriture tous les trois jours : jour 1 : 0,5 l d’eau fraiche – jour 2 : 0,5 l d’eau fraiche et jour 3 : 0,5 l de soupe et 200 gr de pain.

Certaines cellules et couloirs ont été restaurés dans leur forme d’origine. Elles comprennent en plus des photos et des objets, une exposition qui donne un aperçu de la lutte pour la liberté d’après-guerre en Estonie, des crimes du régime communiste et des conditions de vie dans la prison provisoire.

Tartu – la vieille ville

Dans le centre de la vielle ville de Tartu peu de maisons en bois car la ville a brûlé en 1775. Par contre de belles maisons en bois en périphérie et mieux conservées que les maisons en brique. On se pose rue Mae, ce n’est pas le bivouac le plus glamour qu’on est fait, mais au calme et très pratique. En effet, à un bout de la rue des escaliers mènent à la vieille ville. Nous sommes aussi à côté de l’Église évangélique luthérienne, Peetri kirik.

Et presque à l’autre bout, une maison très originale : La maison renversée “Tagurpidi Maja” qui est la seule ouverte au public à être inclinée sur deux axes. Une partie de la crête du toit en métal sombre est encastrée dans le sol et la dalle de fondation est haute dans le ciel. C’est bizarre de voir la porte d’entrée à l’envers à 5 mètres du sol.

Tartu – ERM : Eesti Rahva Muuseum

Ça c’est LE musée à ne pas louper, Le Musée National Estonien. A l’entrée on nous demande en quelle langue on veut visiter. Le ticket d’entrée la prend en compte. Toutes les explications sont sur des tablettes numériques et en approchant notre ticket on a les infos en français. Ce gigantesque bâtiment propose, sur 6 000 m carré, plusieurs expositions :
« L’écho de l’Oural », mode de vie traditionnel, biens de consommation des peuples finno-ougriens. Le monde des femmes et des hommes finno-ougriens est montré à travers les activités domestiques, les espaces de vie et la vision du monde.
« Rencontres » : exposition sur la vie des Estoniens qui ont vécu ici à travers différentes époques. On découvre leur vie quotidienne et familiale, et de façon ludique, on peut voir la langue, le folklore et les savoir-faire des habitants.

La plus grande exposition de costumes folkloriques de l’histoire de l’Estonie. Dans de grandes vitrines on peut en admirer 150 qui proviennent de toutes les régions et leur diversité à travers les saisons. Des expos temporaires sur des chaises paysannes estoniennes, avec sur écran géant leur fabrication artisanale. Une chaise de ferme est à la fois un objet beau et quotidien. Certaines d’entre elles sont aussi offertes comme un cadeau de mariage pour la mariée ou comme dot pour la fille.
Une autre exposition temporaire sur le corps et les significations du « bien » et du « mal » dans nos sociétés. Des tapis, des foulards, …. On y a passé plus de 3 heures, en se perdant bien volontiers, et en essayant de résoudre une énigme pour sortir  !! Une super scénographie.

Derniers tours de roues en Estonie

Nous reprenons la route encre plus vers le sud, le long du littoral du golfe de Riga, pas loin de la frontière avec la Lettonie. Sur la route, vers le village de Jaagupi, un panneau « rannakalur» nous interpelle. Arrêt à la ferme de Nurmeotsa. Margus tient ce petit commerce et vend des poissons fumés, du pain… On peut le retrouver sur FB : Nurmeotsa talu kala ja leib (littéralement « Poisson et pain de la ferme de Nurmeotsa » ) une rencontre sympa et achat de poisson fumé que l’on va déguster pour notre dernier bivouac en Estonie, à Ikla avec un magnifique coucher de soleil. On est vraiment gâté pour cette dernière nuit en Estonie.