Voyage 1987 – 1989

Lac de Van

Nous quittons Doğubayazıt et prenons la direction du lac de Van. Leçon du jour : éviter les raccourcis ! La D975 est de plus en plus en mauvaise, des rochers sont tombés sur la voie, on doit traverser un village en contrebas. Mais pas de voie ni de piste tracées dans ce hameau. Des ruelles étroites, des creux de plus de 60 cm et des gamins qui courent dans tous les sens en nous jetant des pierres. Du tout-terrain comme cela on n’en n’avait jamais fait.
Heureusement, les derniers km de Muradiye au lac de Van se font sur une belle route. Il fait chaud, on profite de l’unique arbre en vue pour faire une pause déjeuner. Nous traversons un canyon déchiqueté où coule la rivière Yaniktar Dersi et croisons quelques troupeaux. La devant nous … le lac de Van, d’un bleu profond et aux abords inexploités. C’est le plus grand lac de Turquie et le plus élevé : 1650 m. C’est un lac salé d’origine volcanique. Il regorge toutefois de poissons que l’on retrouve sur les marchés locaux, le darekh, à la fois poisson d’eau douce (il remonte les rivières jusqu’au lac) et poissons d’eau salée (pondent leurs œufs dans le lac de Van)

Dans la ville de Van, quelques courses et achats de timbres pour envoyer près de 30 cartes postales.
Pas beaucoup de route le lendemain, Patrick a eu une nuit très courte. On longe le lac de Van. On trouve un petit camping, 3 à 4 emplacements, juste en face de l’île d’Akdamar. Le patron nous accueille avec le traditionnel thé à la pomme, le Elma çay (ou apfel çay), dans de petits verres tulipe. Un havre de paix.
On nous propose une ballade en bateau jusqu’à l’île d’Akdamar pour 30 000 LT. Ouppss, trop cher, normalement c’est plutôt 2 000 LT. On se contente de faire quelques photos au coucher du soleil.

Depuis le lac de Van, nous avons pris la direction de Diyarbakır. En cet été, beaucoup de travaux dans les champs. Le long de la route, nous faisons connaissance de Bayram et sa famille, y compris ses enfants qui sont en vacances scolaires. La moisson faite, c’est le moment du battage, qui consiste à séparer les grains des épis. La paille est projetée en l’air vers le vent avec une fourche en bois, que l’on appelle « Ahşap yaba ».
Un peu plus loin, nous rencontrons une autre famille, celle de Münür.  Son petit garçon, Selçuk, n’a jamais tressé la corde (faite d’herbe) aussi vite, en nous expliquant comment il faut faire. Nous leur montrons les photos et la vidéo. Nous passons un long moment avec eux, et partagerons nos déjeuners. Mais il est temps de reprendre notre route.

Route qui traverse Elazig puis direction Malatya. Visite de Malatya et son bazar. Pour nous la vie n’est pas chère, on a le Kg de tomates pour 0,60 frs par exemple. On achète des abricots secs, spécialité de la région

Nemrut Dagi

Pour rejoindre la petite ville de Kâhta, nous empruntons le Cendere Köprüsü (Pont de Septime Sévère). Ce pont enjambe un ruisseau traversant un magnifique canyon. Construit sans mortier, il mesure 7 mètres de large, 30 de haut et 120 de long.
Il faut voir le Nemrut Dag soit au lever, soit au coucher du soleil pour profiter d’un bel éclairage, pour nous ce sera au coucher.
Nous ne pouvons pas monter avec le Toyota jusqu’au pied du tumulus. Nous le laissons dans le parking d’un hôtel et nous devons prendre un taxi collectif. En montant dans le dolmus Mazda nous savions que nous partions pour une belle aventure de 45 km. Patrick n’a pas l’air très rassuré.
A Narince nous bifurquons vers une piste, pas trop mauvaise, qui nous conduit à Sarikaya. La piste pas trop mauvaise se transforme en route plus ou moins bien pavée, et c’est l’enfer, d’autant plus que l’on grimpe et que le ravin se rapproche souvent du dolmus … ou le contraire. Malgré tout, le paysage est grandiose.

Arrêt au parking. Il ne reste plus qu’à grimper à pied les 600 derniers mètres dans les cailloux. Le Nemrut est à 2 150m. On a une vision sur toute la région. Au sommet du tumulus, d’environ 150m de diamètre, deux terrasses.C’est Antiochos Ier qui avait fait transporter des blocs de pierre taillées pour les construire. Sur ces terrasses se trouvent les statues monumentales des dieux, assis sur leurs trônes, avec leur tête à leur pied, devant les trônes. Les têtes sont de la taille d’un homme. Ainsi, la taille de ces sculptures et la disposition des statues rend ce site à la fois étrange, mystique et grandiose. Bon fini la contemplation, il faut redescendre en dolmus jusqu’à Kâhta, mais cette fois-ci de nuit !!
Journée tranquille pour nous remettre de nos émotions avant de reprendre la route, direction Gaziantep.

Nous arrivons de nuit à Pazarcik. Un policier nous arrête et super sympa nous indique un endroit où passer la nuit, pas cher et sécurisé : le poste de police.
Dans la ville, nous faisons la connaissance de Mehmet, un boulanger et d’Ali, un apprenti. Je me débrouille un peu en turc et je leur explique (du moins j’essaye) que mon papa en France est aussi boulanger. Patrick est bon pour un reportage photo en pleine nuit sur la fabrication du pain turc (Ekmek).

La « Numune Ekmek Fabrikasi » de Mehmet est une sorte de grosse boulangerie, avec une seule sorte de pains, vendus dans sa petite boutique, mais surtout distribués un peu partout, grâce à des camionnettes, des charrettes, des mobylettes ….

Nous quittons Mehmet et sa sympathique équipe. Notre petit Toyota est encerclé par un troupeau de moutons, que nous laissons passer. Le temps n’a plus la même valeur ici. Nous arrivons à Gaziantep, qui se trouve au cœur de la région productrice de pistaches, nous continuons notre route sans avoir acheté de pistaches. Nous roulons vers Adana, Les troupeaux de camions ont remplacé les moutons, que nous regrettons fortement ! Puis Mersin, où l’on trouve une station Shell pour faire la vidange du Toyota.

Nous sommes prêts pour continuer notre périple vers la Cappadoce !