Nous ne pouvions pas passer quelques jours à Moscou sans nous ressourcer au Parc Gorki. Il est accessible par le métro, soit station « Park Kultury » soit « Oktyabrskaya« . (voir notre reportage sur le métro) Cet immense parc, qui s’étend sur 3 km de long, est un véritable poumon vert pour Moscou.

Mais cela n’a pas toujours été le cas. De 1900 à 1921, ce lieu était une décharge municipale. C’est en 1921 que Vladimir Lénine a ordonné de déblayer cette décharge et d’y organiser la première Exposition industrielle agricole et artisanale panrusse. Puis cet endroit a été conservé pour devenir un parc de loisirs. le Parc Central de Culture et de Détentefut baptisé Gorki en 1932, en hommage à l’écrivain russe Maxime Gorki. En 1955, à l’occasion du 10e anniversaire de la victoire sur les troupes nazies, une arche centrale a été élevée. C’est toujours aujourd’hui l’entrée principale du parc. Les attractions, installées au milieu des années 1980, ont été déplacées dans d’autres régions de Moscou en 2012.

Après un « rafraîchissement » du parc, de grandes allées sillonnent le parc, et nous mènent vers des pièces d’eau, des terrains de sport, des tables de ping-pong, des sculptures, des cafés…. A heures régulières, on pourrait se croire à Versailles, avec un beau spectacle de jets d’eau sur fond de musique classique. Et là, on oublie la circulation de Moscou. Moment de détente agréable. Il y a même des transats pour en profiter plus, et pour les plus courageux, de nombreuses pistes cyclables. Et tout cela accessible gratuitement.

Nous continuons vers un bâtiment qui nous intrigue, c’est le « Garage« , musée d’art contemporain. C’est un ancien garage à bus de l’époque soviétique. L’architecture extérieure a conservé son caractère austère. L’intérieur a été réorganisé en espaces d’expositions tout en conservant des touches de témoignages de ce qu’avait été le bâtiment à l’origine. On adore !!
Les expositions temporaires se succèdent. Lors de notre visite, il y avait une expo montrant le travail du photographe allemand Juergen Teller célébrant la Coupe du Monde. Bon là …. on reste perplexe, on ne peut pas tout aimé.
A l’étage, par contre une exposition/expérience unique, autour du son et de l’ouïe : « Infinite Ear / L’ouïe infinie ». Les installations sonores sont le fruit d’une série d’ateliers internationaux avec des personnes sourdes et malentendantes. Cette expérience a été lancée en Russie en avril 2017 dans le cadre d’un programme de  recherche : « La culture des sourds en Russie : de l’établissement spécialisé au musée ». Dans ce projet, le son cesse d’être une notion exclusivement physique pouvant être mesurée par un audiogramme et devient une valeur artistique avec des interprétations illimitées. Cette exposition comprend aussi les instruments de Tarek Atoui (artiste son et compositeur) jouée lors de concerts et d’ateliers, et un projet d’Alison O’Daniel composé de sculptures et d’une série de vidéos, où nous retrouvons avec surprise des images de cerfs-volants. Son film a été tourné en 1999, New York Kite Enthusiasts, à Santa Monica, où le son est déplacé des oreilles vers les indices visuels de ses trois sculptures.

Une autre surprise nous attend. Derrière un rideau noir, une projection inhabituelle, intitulée IAM code-verse. Sur un fond musical, des lignes de codes mathématiques défilent sur un écran géant, avec des vitesses variables. On est juste invités à « contempler la poésie des relations mathématiques et les variations de code de la même manière que l’on écoute de la musique. » Cette installation multimédia de Ryoji Ikeda (artiste sonore et visuel japonais) a été conçue en collaboration avec le Centre Georges Pompidou à Paris. Il représente une réponse possible à la question des interactions possibles entre les artistes et le monde numérique. Que l’on apprécie ou pas l’art contemporain, cette séquence est assez fascinante.