Aujourd’hui risque de pluie …. alors journée underground ! Mais pour visiter le «Bunker – 42» il faut réserver et se joindre à un groupe. En fonction des groupes, les visites sont uniquement en anglais ou en russe. Vu mon niveau en russe, nous nous inscrivons sur un groupe en anglais.
Le «Bunker – 42» est une installation souterraine de fortification située dans le centre de Moscou, près du métro Taganskaya. (voir notre reportage sur le métro) Cet ancien abri anti-nucléaire souterrain est devenu le Musée de la guerre froide.

Nous arrivons devant une petite maison, très discrète. En fait, cette maison n’est qu’un leurre. Derrière ces murs se trouve un dôme en béton de six mètres d’épaisseur qui couvre un puits de plus de 60 mètres de profondeur. Heureusement, il y a un portail vert surmonté d’une étoile rouge pour nous indiquer que nous sommes bien à l’entrée du musée. Le coût de l’entrée est élevé : 2 200 roubles par personnes (environ 30 euros). Mais c’est une visite pas comme les autres qui nous attend et qui commence par une descente en profondeur via un petit escalier de 310 marches, ce qui correspond à un immeuble de 18 étages. On craint pour la remontée …. Notre guide nous conduit à travers des couloirs interminables, séparés par des portes massives. Il y a 4 blocs, reliés entre eux par des tunnels souterrains. Le bloc N°4 était celui de commandement, le bloc N°1 celui des standardistes, des crypteurs, des radios et d’autres spécialistes. Dans le bloc N°2, on avait installé le matériel de communication à long rayon d’action, et enfin dans le N°3 tout l’équipement indispensable au fonctionnement du site. Nous n’en visiterons qu’un.

La visite commence par un petit rappel historique. nous avons une charmante guide russe qui parle bien anglais et avec une voix qui porte. Heureusement, car nous sommes au même niveau que le métro, qui passe régulièrement. En pleine guerre froide, le gouvernement de l’URSS, Joseph Staline, décide de se protéger en créant non seulement un bunker, mais aussi leur propre bombe. En effet, la construction du bunker fait partie du programme de défense de l’Union soviétique en réponse au développement de nouvelles armes de destruction massive des Etats-Unis, la bombe nucléaire.

Dans les années 1950, les travaux de construction du Bunker démarrent, sous le nom de code « GO-42 » (de государственный объект ГО-42 c’est à dire propriété d’État n ° 42). Devenu plus couramment Bunker-42. Selon le test d’armes nucléaires effectué en 1949 en URSS, la profondeur idéale de ce bunker ne devait pas être inférieure à 65 mètres et son emplacement proche du Kremlin, afin de protéger les chefs d’État en cas de menace d’attaque nucléaire et qu’ils puissent continuer à gouverner le pays dans des conditions de sécurité. Il fallait surtout garder le chantier caché des civils et des services de renseignement étrangers. La construction du bunker a été achevée en 1986, le bunker était un centre de commandement stratégique.

On s’aperçoit combien les ouvriers de l’époque ont dût réaliser une tâche très complexe : construire une énorme installation au centre-ville de Moscou sans endommager les systèmes de communication urbains. Le sol a été creusé à travers quatre mines de construction, utilisées auparavant pour construire les stations de métro de Moscou. Il a été conçu pour que près de 600 personnes puissent y vivre pendant 1 mois en cas d’attaque. Pendant la construction, la chaleur était importante et des distributeurs d’eau étaient à la disposition des ouvriers.

Dès avril 1954, les premiers opérateurs de communications militaires et civils ont commencé à travailler dans ce bunker, les lignes de communication ayant été posées et les équipements nécessaires installés. Nous continuons la visite dans une grande salle, et sur la table de très jolies réalisations de maquettes d’avions. Au cours des années 1955-1956, de nouveaux canaux de communication ont été établis avec les nouveaux régiments et divisions de bombardiers stratégiques dans tout le pays. Plus de 1 000 émetteurs ont été utilisés pour les communications avec les avions. Le ministère de la défense en fait son QG de commandement de l’aviation à long rayon d’action. Jusqu’en 1986, le bunker était le centre de commandement des bombardiers stratégiques capables de transporter des bombes nucléaires.
Une très grande salle, où trône Staline assis à son bureau. Mais c’est une mise en scène fiction. Staline est mort en 1953, bien avant la mise en service définitive du bunker (1956).

Puis une salle avec des maquettes de missiles balistique, des cartes, ….Et même la bombe RDS-1 (Reaktivnyi Dvigatel Specialnyi qui signifie « moteur à réaction spécial ». Ce fut la première bombe A testée par l’URSS et la première arme nucléaire conçue et expérimentée hors des États-Unis. Son surnom russe fut « Premier éclair » (Первая молния, Pervaïa molnia), mais les Américains l’ont appelé Joe One en référence à Joseph Staline. Nous avons aussi le visionnage d’un film qui reprend les grandes étapes de la confrontation entre l’URSS et les Etats-Unis, suivi …. d’un lancement de missile, effectué par deux volontaires de notre groupe.

Mais ce bunker des années 50 n’était plus apte à protéger contre les nouvelles armes. Le centre de commandement de la force aérienne à longue portée, a été transféré dans un endroit plus sûr. Ce bunker de 7 000 m2 a été déclassifié en 2000 et vendu aux enchères à une entreprise privée (65 millions de roubles) en 2006. Rénové et transformé en Musée de la guerre froide pour accueillir du public, seules les portes blindées massives et les revêtements en acier des murs rappellent l’ancien bunker.

La visite se termine dans un couloir, où une animation nous plonge au cœur d’une simulation d’attaque nucléaire : extinction des lumières, fumée, feux rouges d’urgence …. Notre guide nous propose soit de sortir avec elle, soit de nous diriger vers le restaurant. Nous n’avons pas faim, mais la curiosité nous emmène vers le restaurant.

Un premier couloir, avec de grands canapés, puis le bar et le restaurant. Mais nous traînons … comme d’habitude et nous réalisons que nous sommes maintenant seuls. On cherche la sortie. L’idée de remonter les 310 marches ne nous emballe pas. Nous trouvons un vieil ascenseur et c’est avec une certaine angoisse que nous l’empruntons, surtout qu’il ne s’élève pas quand on appuie sur l’un des trois boutons. Bon finalement, il « décolle » et c’est soulagés que nous retrouvons le niveau de la billetterie et l’air libre !!