Départ

Mercredi 17 avril … Je jour J ! Ce soir nous montons à bord du Rossiya, première partie de notre voyage avec le Transsibérien.  5 185 Km de rails nous attendent en 4 nuits et 3 jours, pour rallier Moscou à Irkoutsk, notre prochaine étape.
Notre train partira de la gare de Yaroslav, facilement accessible en métro (station Komsomolskya – ligne 5, la circulaire, et ligne 1). La veille nous avons fait un repérage depuis notre hôtel. Le trajet n’est pas très long, mais pas mal d’escalators, d’escaliers et une foule assez dense, entre nos valises, nos sacs plus un cabas avec quelques provisions …. nous décidons donc de prendre un taxi, que nous réservons le matin même. il faut négocier le prix avant de partir, et même l’écrire pour ne pas avoir de surprise … comme dans beaucoup de villes dans le monde.
Nous arrivons sur la place Komsomolskaïa (Комсомо́льская пло́щадь), appelée ainsi depuis 1932 en l’honneur des membres du Komsomol (Union des jeunesses communistes). Mais elle est beaucoup plus connue sous le nom de « Place des trois gares« . En effet, sur cette grande place commerçante et très animée se trouvent les gares de Léningrad, de Yaroslavl et de Kazan.

On embarque !

Pas de problème de sécurité, même à cette heure avancée. Pour entrer dans la gare on doit passer un contrôle de sécurité et placer nos valises (et notre cabas) dans un scanner à rayons X.  Nous voici dans le hall d’accueil de la gare, assez froid. Au 2ème étage, accès par escalator ou ascenseur, il y a un peu plus de places assises. C’est là aussi que se trouvent les toilettes. On a le droit de les utiliser gratuitement, sur présentation du billet de train (2heures avant le départ), sinon c’est 50 Rub (70 cts). Plus d’infos sur les gares, les trains et les classes sur notre page « Info pratique  » et sur l’achat de nos billets en ligne sur notre page « Préparatifs »

Nous guettons le panneau d’affichage : Moscou-Vladivostok – départ 23h45 – train 2. Dans quelques minutes, il sera annoncé voie 3. Nous accédons au quai, le Rossiya est là. Pour nous, wagon N°3. De toute façon on ne peut pas se tromper, nos provodnitsi contrôlent nos billets et nos passeports. Nous avons une provodnista, qui assurera le service de nuit, et un provodniki en journée. Ils seront nos seuls maîtres à bord pendant notre voyage.

Découverte de notre cabine

23h20, nous découvrons notre cabine, place 7 et 8. Comme nous y restons plusieurs nuits, nous avons choisi une cabine type SV, ou liouks, c’est un compartiment à deux couchettes. Il y a en tout 9 compartiments. Petite, fonctionnelle notre cabine très propre. Nous avons plusieurs petits placards et de la place pour mettre nos valises sous nos couchettes. Nous avons chacune une pochette surprise RDZ avec des chaussons en toile, une savonnette, un peigne … et offert par le restaurant une petite bouteille d’eau et une plaquette de chocolat. délicate attention !
Le provodniki passe nous donner quelques informations et règles durant notre voyage : On ne jette pas les papiers (aucun papier) dans les toilettes, mais dans la corbeille à côté (évacuation des WC très très bruyante !). Il nous montre aussi où sont les poubelles et à l’autre bout du compartiment, le fameux Samovar. On aura de l’eau chaude, plus de 90°C, à volonté.

23h45, le train part à l’heure. On fait notre lit, draps, taie d’oreiller, couverture et deux petites serviettes de toilettes sont fournis. On s’endort rapidement bercés entre roulis du train et bruit des bogies.

Finalement, c’est l’arrêt du train qui nous réveille. il est 5h40, on est en gare de Nizhny Novgorod, mais trop tôt pour se lever. Avant de partir j’avais imprimé le timetable de notre voyage. C’est à dire une liste avec tous nos arrêts de train : nom de la gare, heure (arrivée – départ) et combien de temps le train reste à quai. Très pratique pour avoir une notion du temps qui passe, d’autant plus que nous traversons 5 fuseaux horaires sur cette première partie de voyage. Le même tableau est affiché dans notre voiture, j’ajuste certains horaires avec l’aide de notre provodniki, qui m’a bien expliqué qu’on ne descend que quand il l’autorise et on remonte avant que le train parte ….. Il n’y a pas de signal sonore et le train ne va pas nous attendre. Bon, il a mis un max de pression et je vais souvent avoir l’œil rivé sur ma montre à chaque arrêt. Les heures sont affichés en heures locales, et plus en « heure de Moscou ». Pour avoir ce tableau, directement sur le site de la RDZ : sens Moscou – Vladivostok et sens Vladivotok – Moscou

Première sortie

La première matinée passe très vite. Petit déjeuner avec l’eau du Samovar. On regarde le paysage et les bouleaux qui défilent, imperturbablement. La campagne environnante est constellée de jolies petites maisons en bois et des jardins bien entretenus. Patrick prépare le matériel pour le tournage (voir notre vidéo sur le transsibérien). Premier arrêt de 15 minutes en gare de Kirov. Nous sommes à 956 km de Moscou. Nous espérions trouver des petites vendeuses de poissons fumés, beignets aux pommes de terre, raviolis … comme indiqué dans certains guide. Que nenni ! Les quais sont déserts, les diévouchkas absentes et les guides touristiques à revoir.

Nos repas à bord

En général, nous pensions trouvé un peu plus de nourriture sur les quais. Nous n’avons pas fait beaucoup de provisions, juste une soupe et un plat lyophilisés en dépannage. Par contre dans nos valises nous avons emporté quatre paquets de gâteaux de notre région (des palets solognots) pour les quatre provodnitsi (2 sur chaque trajets).

Pour fêter nos premières heures sur le Rossiya, on va déjeuner au wagon-restaurant : vodka-jus de fruit , blinis-œufs de saumon, saumon fumé et dessert (2500 Rub à deux – 34 euros). En plus il est ouvert presque toute la journée, et avec les arrêts en gare et les changements de fuseau horaire, on finit par manger à n’importe quelle heure. Les repas sont corrects, par contre peu de voyageurs au wagon-restaurant.

Certains viennent juste pour prendre une bière. C’est comme cela que nous rencontrons Dimitri, un ingénieur russe qui travaille à Omsk. il s’installe à notre table et avec son mauvais anglais et mon russe du même niveau, nous échangeons sur nos vies. Il est marié, a trois enfants, adore la culture française, connaît des chansons de Dalida et Aznavour, aime bien le général de Gaulle.
Nous ferons quelques repas au wagon-restaurant, mais le choix de la carte sera de plus en plus restreint, car toute la nourriture est chargée à Moscou, et pas de ravitaillement jusqu’à Irkoutsk. Nous finirons pas manger le plat poulet-purée lyophilisé, qui n’est pas vraiment du goût de Patrick.

Alors quand notre provodniki nous propose deux esquimaux, trop tentant ! Durant les deux parties de voyage, ils nous proposeront divers gadgets (porte-clé, magnet …) et les fameux Стакан в подстаканнике (verre avec porte-gobelet) très romantiques.

De gare en gare

16h35 – Balezino – arrêt de 25 minutes. On change de locomotive. Patrick filme. Toujours pas de vendeurs sur les quais. Mais un petit kiosque, pris d’assaut et les quelques bananes en vente partent très vite. Dans le wagon il fait entre 22 et 26°C. Dehors beaucoup plus froid.
21h40 – Gare de Perm – la nuit est tombée mais les 20 minutes d’arrêt nous incitent à sortir pour nous dégourdir les jambes. Le plein d’eau se fait avec quelques fuites. Cette nuit il gèle, et au petit matin, de la glace s’est formée près de la trappe de remplissage. ………….Je ne vais pas reprendre tous nos arrêts en gare, ils sont à découvrir sur la vidéo.

Nos activités

La première journée est passée très vite, nous perdons un peu la notion du temps. C’est un voyage dans la lenteur. Pour nous occuper, en dehors du paysage qui est relativement peu changeant, nous avons les sorties sur le quai avec film et photos, la lecture, les jeux de société, la rêverie, la sieste (quand nous ne sommes pas trop secoués). Discussion avec nos voisins de cabine. Patrick a une mission, remonter jusqu’à l’arrière du train en filmant.

Gare d’Omsk – à 2711 km de Moscou, nous sommes en Sibérie depuis 600 Km environ – 40 minutes d’arrêt. Il fait super beau. Achat de bananes et de pistaches dans un petit kiosque sur le quai. On a aussi le temps pour une visite de la gare, et des photos depuis la passerelle. mais je garde un œil sur ma montre. Pas question que le train parte sans nous. Nos arrêts en gare sont aussi rythmés par la décharge des colis et du courrier, acheminés vers les gares par de petits chariots. Le transport du courrier sur la majeure partie du territoire du pays est effectué par les wagons postaux du transsibérien Moscou-Vladivostok-Moscou. Il y a aussi régulièrement le bruit rassurant du marteau qui vérifie les bogies.

A Krasnoïarsk (4 098 Km en 2 jours depuis Moscou) nous avons de nouvelles voisines de cabines. Super sympa, elles font le tour des cabines avec un gros gâteau au chocolat, que nous partageons tous. Une manière originale et savoureuse de faire plus ample connaissance. Des petits cadeaux s’échangent. Nous donnons quelques cartes postales de Paris, et Irine, qui a pris le train à Omsk pour rejoindre sa sœur à Chita, nous offre une plaquette de chocolat de Sibérie.

Nous approchons déjà d’Irkoutsk. Demain matin, dimanche 21 avril, nous arriverons à notre première escale. Notre train s’arrête à 7h40. Pas une minute de retard ! Et sur ces 4 nuits et 3 jours de voyage, nous n’avons pas vu le temps passé. il est temps de faire nos adieux à notre provodnista de nuit et à notre nouvelle copine, Irine. Promis, nous allons rester en contact.
Bienvenue à Irkoutsk !!